L’envol de l’expérience IR-Coaster vers l'ISS
Dans la nuit du 1 au 2 novembre 2024, à 4h40 heure française, une fusée Falcon 9/Dragon de la société Space X prendra son envol depuis Cape Canaveral (Floride/Etats-Unis) à destination de la Station Spatiale Internationale. A son bord se trouve IR-Coaster (InfraRed-Cubic Orbital Astrobiology Exposure Research), une expérience d’astrochimie et d’exobiologie conçue et développée au Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphérique (Lisa / Universités Paris Est Créteil – Paris Cité et CNRS) avec le Centre National d’Etudes Spatiales (Cnes). Une fois qu’IR-Coaster sera installé à l’extérieur de la station spatiale, une série d’échantillons sélectionnés par l’équipe scientifique sera exposée aux conditions spatiales et notamment aux rayonnements ultraviolets solaires, dont les plus énergétiques sont filtrés par l’atmosphère terrestre. Alors qu’ils sont à l’origine de l’évolution chimique dans les environnements extraterrestres, comme les comètes ou la surface de la planète Mars, ces rayonnements UV sont très difficilement reproductibles en laboratoire.
Depuis une vingtaine d’année, le Lisa a eu la responsabilité de plusieurs expériences similaires en orbite terrestre, sur une capsule russe en 2007, puis déjà à trois occasions sur la Station Spatiale Internationale entre 2008 et 2016. L’expérience IR-Coaster sera quant à elle installée à l’extérieur de la station spatiale tout début 2025. C’est la première fois que l’ensemble de l’instrument est conçu, assemblé et testé au Lisa. De plus, jusqu’à présent, les échantillons n’étaient analysés qu’au moment de leur préparation puis à leur retour sur Terre : il n’y avait donc que deux points de mesure. Désormais, pour la toute première fois dans le cadre de ce type d’expériences, les échantillons seront analysés directement en orbite à l’aide d’un spectromètre infrarouge embarqué à l’intérieur de l’instrument. Les molécules sélectionnées pour cette campagne d’exposition en orbite seront donc analysées régulièrement pendant une année complète en orbite avant de revenir sur Terre pour des mesures complémentaires qui seront effectuées au Lisa. Sélectionnées pour améliorer notre connaissance de l’évolution chimique dans les environnements extraterrestres, les molécules exposées ont aussi un intérêt en exobiologie (l’étude de l’origine de la vie sur Terre et sa recherche ailleurs dans l’univers) : il s’agit d’un acide aminé (la glycine) constitutif des protéines, de deux bases nucléiques (l’uracile et la guanine) inclus dans l’ADN et l’ARN, et de l’acide mellitique qui est recherché à la surface de Mars car il serait le produit d’évolution chimique de nombreuses molécules oxydées dans l’environnement martien. IR-Coaster est la première étape vers de futures expériences plus ambitieuses, qui permettront à terme d’exposer et analyser en continu un plus grand nombre d’échantillons dans des environnements extraterrestres.
L’expérience IR-Coaster fait partie de l’ensemble Euro Material Ageing, un dispositif du Cnes et l’Esa (European Space Agency).
L’instrument IR-Coaster (dimensions et masse environ 40x30x15 cm et 10 kg). Les échantillons sont disposés sous le capot métallique en forme de demi-cercle, qui s’ouvrira une fois que l’expérience débutera dans l’espace. L’instrument d’analyse infrarouge est à l’intérieur du boitier. Crédits photos : LISA/Noel Grand
Décollage d’une fusée Falcon 9, similaire à celle qui embarquera IR-Coaster vers la Station Spatiale Internationale (crédits : domaine public / https://en.wikipedia.org/wiki/Falcon_9)
Image de la Station Spatiale (libre de droits, crédits : Nasa)